Etudes et observations

Suivi des effectifs de phoques en baie de Somme

Publié le 31 décembre 2011 par Laëtitia DUPUIS

La baie de Somme accueille actuellement deux espèces de phoques :
- Le Phoque veau-marin
- Le Phoque gris

Un peu d’histoire...
L’espèce Phoque veau-marin fréquente principalement les estuaires sablonneux abrités. Il n’est pas insensé d’imaginer que les phoques étaient déjà présents au Moyen-Age lorsque, petit à petit, la baie de Somme, prit sa configuration d’estuaire.

Un sénateur de la Somme, nommé Porphyre Labitte, raconte dans "Chasses exceptionnelles des phoques sur les côtes de la Manche" comment les phoques de la baie de Somme étaient chassés à la fin du 19 ème siècle. Il décrit alors la population sédentaire comme étant constituée de quelques centaines de Phoques veaux-marins dont les effectifs varient en fonction des saisons. Les animaux étaient abattus soit dans l’eau soit sur le sable, en fonction des marées. La peau, la graisse et la viande étaient alors prélevées.

Au début du 20 ème siècle, la pression de chasse aux phoques devenant plus importante et le développement de la pêcherie, ont contribué très fortement à la chute des effectifs.

Entre 1930 et 1970, les observations de phoques en baie de Somme étaient occasionnelles.

Quelques mesures de protections sont alors mises en place :
- 1972 : Interdiction de chasse en France (1962 aux Pays-Bas) ;
- 1979 : Espèces en annexe III (espèces de la faune protégée) de la convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe ;
- 1979 : Espèces en annexe II de la convention de Bonn sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage ;
- 1992 : Espèce en Annexe II de la Directive de l’Union Européenne « Habitats-Faune-Flore » ;
- 1995 : Espèces protégées au titre de l’arrêté relatif à la liste des mammifères marins protégés sur le territoire national ;

En 1986, un petit groupe de 10 à 15 Phoques veaux-marins se réinstallent en baie de Somme. Ils s’y sédentarisent par la suite. Des animaux provenant des populations voisines, comme l’Angleterre et les Pays-Bas, se joignent à eux. Cette nouvelle population est reproductrice depuis 1992.

Dans le cadre du programme d’étude et de protection des phoques de la baie de Somme, un comptage par décade est réalisé entre mi-septembre et mi-juin, il est quotidien de la mi-juin à la mi-septembre.

On s’aperçoit que les effectifs de Phoques veaux-marins en baie de Somme sont extrêmement variables en fonction des saisons. L’été, lors de la période de mises bas et de la reproduction, des phoques fréquentant habituellement d’autres sites viennent s’ajouter aux animaux sédentaires pour former une colonie plus importante au sein de laquelle les individus sexuellement mâtures peuvent se reproduire. Les effectifs notés à cette période correspondent aux effectifs maxima et sont relevés au maximum 3 fois à la même période (fin août-début septembre).

Le graphique ci-dessous présente l’évolution des effectifs maxima annuels de Phoques veaux-marins en baie de Somme entre 1979 et 2011.

On remarque que les effectifs sont croissants. Les taux d’accroissement de la population, représentés en rouge sont variables. Sur la période 1986-2011 le taux moyen d’accroissement de population est de 17%.

Sur cette période d’étude, on note la présence à deux reprises d’une épizootie européenne qui a décimé les populations de phoques : la première entre 1988 et 1989 et la seconde entre 2002 et 2003. Le Morbillivirus, un dérivé de la maladie de carré du chien, a provoqué un taux de mortalité avoisinant les 60% sur certaines populations de Phoques veaux-marins. Bien qu’aucun cas pathologique n’ait été retrouvé sur les côtes picardes, un cas clinique a été repéré en 2002.

La première naissance de Phoques veaux-marins a été constatée en 1988, mais la population donne naissance à un petit par an depuis 1992. On considère alors que la population est reproductrice en baie de Somme depuis 1992. Le graphique ci-dessous présente l’évolution des naissances de Phoques veaux-marins observées depuis 1992.

On constate une augmentation du nombre des naissances et un taux de reproduction très variable d’une année sur l’autre. En moyenne il est de 13.77% depuis 1992. Ce qui est nettement inférieur à celui observé en mer des Wadden, par exemple (de 29.21% en 2011).

La première observation de Phoques gris a été notée en baie de Somme au cours de l’été 1988. Cette espèce n’est ni sédentaire ni reproductrice sur la côte picarde, même si elle est dorénavant présente toute l’année et que plusieurs naissances y ont été observées : toutes se sont soldées par un échec. Les Phoques gris sont principalement présents en dehors de leur période de reproduction, ils utilisent alors les mêmes reposoirs et sont souvent observables au sein des groupes de Phoques veaux-marins. En moyenne, ils présentent un taux d’accroissement de 24.8% sur la période 1988-2011.

*données 1976-1985 : Duguy et Triplet ; données 1986-2011 : Picardie Nature


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