Pique-prune dans l’Yonne : à quelques jours du début des travaux, la loi reste inappliquée.

Publié le 16 novembre 2009

France Nature Environnement, l’OPIE, Yonne Nature Environnement et la LPO Yonne ont alerté le 27 octobre le Conseil général de l’Yonne, la préfecture du département et la direction territoriale de l’ONF que les travaux d’abattage des arbres d’alignement du Château de Tanlay vont être conduits au mépris de la protection du scarabée Pique-prune et des chauves-souris. Malgré les alertes associatives, les travaux commenceraient lundi prochain, 16 novembre.

Des habitats et des espèces d’enjeu européen

Le Pique-prune et les chauves-souris relèvent d’une protection européenne : la directive dite « Habitats » (Natura 2000). Transposée en droit français, elle oblige pour ces espèces, en plus de la protection des individus, une stricte protection de leurs habitats et ce, même si l’on ne se trouve pas dans un site Natura 2000. En effet, la Directive Habitats demande aux États membres d’assurer l’amélioration générale de l’état de conservation des habitats et espèces inscrites. Cela signifie que lorsque la présence de ces animaux et de leurs habitats est avérée, le principe veut qu’aucune action néfaste à leur conservation ne soit conduite au risque de représenter un délit aux yeux de la loi.

Une présence avérée des habitats et des individus de Pique-prune et chauves-souris

Catherine Schmitt, présidente d’Yonne Nature Environnement indique que « l’allée de Tilleuls de Tanlay présente plus de 550 cavités selon une étude de l’ONF datant de 2007 et réalisée pour le Conseil général de l’Yonne, avec des indices avérés de présence d’espèces protégées. Ce que refuse d’entendre le Conseil général ». Elle poursuit : « la destruction des arbres qui sera menée ce lundi condamne ces populations à brève échéance ».

La réglementation doit être appliquée

Nos associations entendent bien que ces travaux soient menés pour des raisons de sécurité publique et rappellent que la loi, en présence d’habitats et d’espèces protégées, autorise de tels travaux, mais si et seulement si des solutions alternatives à la destruction ont été étudiées. Et en l’absence d’alternatives, une dérogation doit être obtenue à partir d’un dossier argumenté auprès du Conseil National de Protection de la Nature avant le début des travaux.
Bruno Mériguet de l’OPIE précise que « jamais aucune solution alternative n’a été sérieusement étudiée et le Conseil général se borne à procéder à une demande de dérogation que si des individus d’espèces protégées sont découverts au moment des travaux ! ».

Un changement de cap s’impose

Malgré ces rappels, les travaux sont maintenus pour le 16 novembre. Si la conduite du chantier prévoit de dépêcher sur place des entomologistes pour accompagner le travail des bûcherons, les associations estiment que le problème est pris à l’envers et que tout ce qui est prévu n’est toujours pas satisfaisant.

France Nature Environnement, l’OPIE, Yonne Nature Environnement et la LPO Yonne invitent donc le Conseil général à revenir sur sa position rapidement et à profiter des bonnes volontés présentes pour mettre en place un groupe de travail, avec des moyens suffisants, pour trouver des réponses environnementales compatibles avec les risques liés à la fréquentation du site.


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