Développement d’une filière bois énergie industrielle : trop vite et n’importe comment !

Publié le 22 mars 2011

Communiqué de presse
Développement d’une filière bois énergie industrielle : trop vite et n’importe comment !

Le 28 février dernier, le quatrième appel d’offres de la Commission de Régulation Électrique (CRE) pour l’installation de sites de production d’énergie à partir de biomasse a été clôturé. Le 16 mars, les 16 réponses reçues (pour un total de 440 MW produits) ont été publiées par la CRE. Certaines d’entre-elle vont être retenues pour une mise en service avant 2014. FNE s’interroge sur l’adéquation entre les projets et les territoires d’implantation. Explications

Trois appels d’offres ont déjà été lancés fin 2003, 2006 et 2008 pour des mises en service avant 2007, 2010 et 2012. Aujourd’hui, sur la quarantaine de projets retenus (dont une vingtaine pour le 3e appel), seul quelques-uns ont réellement vu le jour. Ce quatrième appel semble être celui de trop. Il va plus loin dans la logique du « toujours plus » en passant un cap significatif puisque seules les installations supérieures à 12MW sont éligibles. La puissance moyenne des projets proposés est de 27,5 MW.

En parallèle, les projets locaux de chaufferies se multiplient à l’initiative des collectivités locales et la demande des particuliers explose sous l’impulsion des aides publiques aux équipements de chauffage individuels, ajoutant encore de la confusion au niveau local.

Plus les projets sont importants, moins ils aboutissent. « Est-ce bien nécessaire de continuer dans ce sens alors que la stratégie semble vouée à l’échec du fait de la taille des projets retenus et au final de leur non adéquation avec la ressource locale ? » interroge Éloïse Simon, chargée de mission Forêt à France Nature Environnement. « Il est absolument nécessaire d’avoir un suivi des projets par la CRE pour savoir s’ils sont abandonnés et pourquoi. Il s’agit d’une transparence indispensable pour la crédibilité de la politique en cours » ajoute Sébastien Genest, vice-président de FNE.

Avec près de trois ans entre l’étude d’avant-projet à déposer à la CRE et la réalisation de l’installation, chaque nouvel appel est lancé sans savoir si la ressource envisagée sera encore disponible. Il est donc impossible de déterminer si la taille de chaque projet est adaptée au territoire d’implantation. Il est alors à craindre :

• La surexploitation des forêts ;
• L’augmentation des distances de transport ;
• Un passage au gaz des centrales à biomasse en cas de pénurie de ressource.

Or, ces éléments ne seront pas pris en compte dans les évaluations qui ne mettront en évidence que des résultats, évidemment positifs, en termes de « kilowatts d’origine renouvelable ».

« Une pause est urgente afin de faire l’état des lieux des nouvelles consommations de bois et de la ressource réellement disponible. Dans ce laps de temps, il est nécessaire de recadrer les projets sur l’efficacité énergétique, depuis la forêt jusqu’à la cendre, en prenant en compte les impacts sur le vivant, c’est à dire, la forêt et la biodiversité qui lui assure sa productivité » conclut Sébastien Genest.

État des lieux de l’appel d’offre paru le 16 mars.

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