Les actualités du Plan Régional d’Actions en Hauts-de-France

Retour sur les études chiroptérologiques estivales de 2025

Publié le 5 décembre 2025 par Antoine Pudepièce, Louis Hue, Lucie Dutour
Etude des mammifères terrestres et des chiroptères des ripisylves

©Antoine Pudepiece


Un programme triennal, financé par l’Agence de l’eau Artois-Picardie, la DREAL et le Fonds vert, a débuté en 2023. Picardie Nature en assure la coordination et s’appuie sur plusieurs partenaires : le GON sur l’ensemble des trois années, la CMNF en 2023 pour les inventaires, ainsi que le GREGE pour les analyses génétiques.

L’objectif du projet est d’étudier les paramètres typologiques des ripisylves influençant la diversité et l’activité des mammifères terrestres non volants et des chiroptères, afin de proposer des pistes de gestion permettant d’améliorer la qualité écologique des ripisylves.
De 2023 à 2025, des relevés de paramètres typologiques et d’indicateurs biologiques ont été réalisés sur 90 tronçons de ripisylves de 500 mètres situés dans le bassin Artois-Picardie. Chaque année, 30 tronçons ont été étudiés avec l’appui de deux binômes de stagiaires de Master 2. Au total, 600 000 enregistrements de sons de chiroptères ont été analysés, et de nombreuses données génétiques et vidéo sur les mammifères terrestres ont été collectées. Ces données sont actuellement en cours d’analyse afin d’être croisées statistiquement avec les paramètres mesurés sur les ripisylves.
Le projet se poursuit en 2026 avec la valorisation des résultats sous la forme d’une publication du rapport d’étude, de l’édition d’une plaquette de synthèse et d’une valorisation possible lors d’un colloque national
En outre, Picardie Nature va accompagner l’Université Picardie Jules Verne dès 2026 dans la poursuite de l’étude. En effet l’UPJV prend le relais pour affiner les analyses grâce à la caractérisation 3D de la structure de la végétation et de la topographie des berges via télédétection Lidar.

Etude acoustique et de capture et radiopistage à Compiègne

©Une inconnue dans la foret (un promeneur de la foret de Compiègne)


Financé par l’Agglomération de la Région de Compiègne et le Plan Régional d’Actions en faveur des Chauves-souris, une étude a eu lieu durant l’été 2025 sur le site Natura 2000 de la forêt de Compiègne, Laigue. Cette étude multi-partenariale avec le Conservatoire des Espaces Naturels et l’Office National des Forêts (ONF) comprenait plusieurs objectifs :
- Inventaire acoustique sur l’ensemble de la Zone Spéciale de Conservation (ZSC) du site Natura 2000
- Capture de chauves-souris au sein de la ZSC pour connaître les états sexuels des espèces présentes.
- Radiopistage d’individus afin de découvrir et préserver des gîtes.
- Rédaction d’un protocole de suivi à long terme des chiroptères de la ZSC. Ce dernier sera rédigé en 2026.
50 détecteurs ont été posés dans l’ensemble de la ZSC. L’analyse des enregistrements obtenus est en cours, mais nous savons d’or est déjà que 15 000 contacts ont été enregistrés. Ce nombre semble flaible comparé aux autres études réalisé dans des biotopes similaires. En général, nous obtenons environ 1 000 contacts par nuit d’écoute en milieu forestier. Ici, nous avons obtenu 300 contacts par nuit.
Pendant la phase de capture et de radiopistage, 35 personnes ont été mobilisés et ont permis de capturer 82 chauves-souris en 8 nuits de capture et avec 4 personnes habilités à la capture et à la manipulation des chiroptères. Parmi ces 82 individus, 13 espèces différentes ont été recensées et 6 individus ont été équipées d’un éméteur radio pour les suivre jusqu’à leur gîte.
Grâce à cette pratique, 8 arbres-gîte de Murin de Bechstein (Myotis bechsteinii) ont été identifiés et sont actuellement protégés par l’ONF. 2 Grands murins (Myotis myotis) ont aussi été équipés mais ils nous ont conduit dans un gîté déjà connu du secteur.


Suivis estivaux


Concernant les prospections estivales nous arrivons à un plateau du nombre de sites prospectés annuellement avec un nombre de sites prospectés plus faible qu’en hiver, 216 en été contre 461 en hiver. Cette différence s’explique très bien par les contraintes de prospection en période estivale (prospections nocturnes, nécessité de prise de rendez vous avec des propriétaires, autres activités naturalistes, ...).
Cette année 2025 on constate une légère baisse concernant le nombre de “gros sites” prospectés (plus de 50 chauves-souris dénombrées), 54 sites contre 57 sites en 2024.
Notons des découvertes intéressantes en 2025 dont 2 nouvelles maternités de Noctule de Leisler (Nyctalus leislerii) dans le laonnois et le sud de l’Aisne et une nouvelle maternité de Pipistrelle de Kuhl probable à Abbeville. Il s’agirait donc de la 2ème et 3ème maternités en bâti de Noctule de Leisler et la 3ème maternités de Pipistrelle de Kuhl (Pipistrellus kuhlii) connues en Picardie mais avec celle avec les plus importants effectifs avec plus de 70 individus.


Etude du régime alimentaire des chauves-souris en milieu agricole


Pour rappel, cette étude menée en partenariat avec le laboratoire Edysan de l’Université Picardie Jules Verne s’intègre dans les objectifs du Plan Régional d’Actions en faveur des Chiroptères.
Le projet vise à étudier le service écosystémique de régulation des populations de ravageurs offert par les Chiroptères anthropophiles en contexte agricole, et à évaluer l’intensité de ce service dans l’espace et le temps. Pour cela, le régime alimentaire de différentes espèces de chauves-souris est analysé grâce à l’analyse génétique de l’ADN des prédateurs et de leurs proies invertébrées, contenu dans des guanos collectés dans des gîtes situés dans différents paysages agricoles des Hauts-de-France.
Cette approche permettra de comparer la composition du régime alimentaire (ex : proies ravageuses vs auxiliaires de cultures) de différentes espèces de chiroptères, et d’étudier leurs variations en fonction du sexe des individus, mais aussi de la composition et configuration du paysage autour des gîtes où auront été récolté du guano. Cela permettra notamment d’améliorer les connaissances sur l’utilisation des paysages agricoles par les chiroptères (en termes d’habitat et de ressource trophique), mais également de mettre en lumière les éléments paysagers qui vont favoriser de façon durable les services rendus à l’agriculture.

Les récoltes se sont déroulées sur deux années : 30 sites ont été échantillonnés en 2024 et 27 en 2025.
En 2024, du guano a pu être collecté dans 31 gîtes grâce au soutien du Conservatoire d’Espaces Naturels des Hauts-de-France et des bénévoles du réseau chauves-souris. Sept espèces sont représentées dans ces prélèvements, majoritairement la Pipistrelle commune, le Petit Rhinolophe et la Sérotine commune.
Pour cette dernière année de collectes, les analyses génétiques des échantillons de guano sont déjà en cours. Une valorisation des résultats est prévue dès le premier trimestre 2026. Par ailleurs, une extension du projet, avec l’arrivée de nouveaux partenaires en Hauts-de-France et en Belgique, est en préparation pour la période 2026-2029.


Etude swarming dans le secteur de Saint-Gobain


©Antoine Pudepiece


Depuis les années 2000, il s’agit de la première réelle étude réalisée sur le sujet. Le swarming est l’une des techniques d’accouplement utilisé par les chiroptères durant l’automne. En 2025, 10 cavités ont été inventoriées à l’aide de détecteur passifs posés pendant 1 mois. L’analyse des données récoltées est en cours et permettra d’identifier les sites où les chauves-souris s’accouplent.

Rédacteurs : Lucie Dutour, Louis Hue et Antoine Pudepièce


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