Quelles chauves-souris abritent mon jardin ?

Le label “Opération sites refuges pour les chauves-souris” est un label déployé à l’échelle nationale par la SFEPM, à destination des personnes soucieuses de préserver ces animaux.
Dans le cadre de la valorisation de ces “sites refuges”, Picardie Nature, relais local de cette action, a proposé à des volontaires de participer à une étude de science participative durant la période estivale de 2024.

En effet, de nombreuses espèces de chauves-souris insoupçonnées de nos jardins, sont susceptibles de les fréquenter pour y chasser, se déplacer et même gîter. Ces inventaires permettent de mettre en évidence la fréquentation et la diversité de nos jardins, tout en permettant à des volontaires de mieux comprendre les chauves-souris. Pour ce faire, les jardins de 3 particuliers répartis en Picardie ont été inventoriés comme suit : Site 1 à Pont-Remy (Somme) ; Site 2 à Grandfresnoy (Oise) ; Site 3 à Presles-et-Boves (Aisne).

Afin de détecter les chauves-souris, un enregistreur d’ultrasons appelé “Audiomoth”, a été posé dans chaque jardin. Ces petits appareils permettent d’enregistrer durant toute une nuit, l’ensemble des ultrasons émis par les chauves-souris et la faune environnante. Les Audiomoths ont ainsi été envoyés par voie postale aux particuliers dont les sites ont été préalablement choisis. Un protocole de mise en place et d’installation de l’appareil leur a également été envoyé, avec un accompagnement téléphonique si nécessaire.

L’inventaire s’est déroulé durant la période estivale (fin juin/début juillet), correspondant à la période de mise-bas des chauves-souris. Une à deux nuits entières ont été échantillonnées de l’ordre de 1h avant le coucher du soleil, jusqu’à 1h après le lever du soleil, afin de capter l’ensemble des espèces précoces en sortie de gîte et tardives en rentrée de gîte.
Les appareils ont ensuite été retournés par voie postale chez Picardie nature pour les analyses acoustiques.

• Diversité spécifique

Au total, 10 espèces ont été identifiées sur l’ensemble des jardins, sachant qu’il existe 22 espèces en Hauts-de-France. Chaque site présente un cortège spécifique différent, en raison des habitats divers et variés :

➔ Le Site 2 présente le moins de diversité, avec 5 espèces recensées dont la majeure partie est affiliée aux milieux anthropiques, exceptée la Noctule commune (espèce vulnérable en région) qui est liée aux milieux boisés/forestiers. Il est probable qu’elle provienne des boisements présents à l’Ouest, et passe ainsi par le site pour transiter vers une zone d’abreuvage et de chasse.

➔ Le Site 1 présente une diversité spécifique un peu plus importante, avec 7 espèces recensées. Le cortège spécifique est également affilié à un milieu anthropique, excepté le Murin de Natterer étant plutôt lié aux milieux forestiers. Le contexte de ce site est bocager avec de nombreuses zones humides présentes au Sud, et divers boisements.

➔ Le Site 3 recense le plus de diversité avec 9 espèces dont trois étant d’intérêt communautaire : le Petit Rhinolophe, le Grand Rhinolophe et le Murin de Bechstein. Le contexte du site est davantage naturel avec de nombreuses zones humides et boisements présents dans les environs. Ce qui semble expliquer la présence d’une belle diversité de chauves-souris pouvant chasser, s’alimenter, transiter et gîter dans le secteur.